Le premier contact européen avec le Japon

En 1543, les Occidentaux découvrirent le Japon et ce premier contact changera à jamais le destin du monde. Des marchands portugais et de nombreux missionnaires jésuites européens débarquèrent au Pays du Soleil levant. Cette époque, marquée par les échanges culturels et commerciaux, fut appelée le siècle des chrétiens. On la nomma également l’époque du commerce Nanban ou l’époque du commerce avec les Barbares du Sud.

Le mythe du Cipango

Les pays de l’Europe avaient déjà plus ou moins entendu parler du Japon, mais pour eux il ne s’agissait que d’un royaume mythique. Marco Polo, un aventurier perdu sur la route de la soie, avait entendu parler de ce pays situé à l’est de la Chine. Le grand empereur mongol Kubilay Khan cherchait en vain à conquérir ce pays insulaire. Marco Polo donna à ce pays le nom de Cipango, une cité de légende où l’or coule à flots.
Bien évidemment, de telles paroles ne pouvaient qu’attiser les convoitises. D’autant plus que la route de la soie était déjà particulièrement périlleuse. Ce fut d’ailleurs en quête des légendaires richesses de Cipango que Christophe Colomb découvrit l’Amérique accidentellement. Les marchands portugais ne parvinrent à l’Extrême-Orient que lorsque l’exploration maritime fut en plein essor.

L’arrivée des Européens au Japon

Les missionnaires européens et marchands portugais débarquèrent au Japon en 1543, au début du 16e siècle. Ils furent ensuite totalement exclus du sud de l’archipel en 1650, lorsque les lois isolationnistes furent promulguées par le sakoku.
Les Occidentaux se sont commercialement établis de Goa à Malacca et remontèrent vers la Chine. Des aventuriers portugais atterrirent à Tanegashima, par le plus grand des hasards et poussées par un typhon. Tanegashima est une île indépendante située au sud de Kyushu et cet accident fut à l’origine des premiers échanges pacifiques et fructueux. Bien que la mythique cité de Cipango ne possède finalement que peu d’or, l’argent en revanche est pourvu en abondance. Les Portugais ne ratent pas cette opportunité et vendent des arquebuses et autres armes à feu aux Japonais ravis. Ce premier échange commercial eut un impact sur le cours de l’histoire. En effet, les guerres de l’ère Sengoku se terminèrent grâce aux arquebuses. Tours à tours, les seigneurs de la guerre Nobunaga Oda, Hideyoshi et Tokagawa se sont imposés et ont réussi à unifier l’archipel.

L’époque du commerce Nanban

Suite à leur naufrage sur les côtes de Tanegashima, les Portugais n’eurent pas d’autres solutions que d’accepter l’hospitalité des Nippons. L’élargissement des négociations et échange d’argent, d’arquebuses et de soie furent favorisés du fait de la guerre et d’autres circonstances réunies. À cette époque, les jésuites lusitaniens considéraient les Japonais comme étant le meilleur des peuples qu’ils aient découverts. Les Européens, fascinés par la culture nippone, souhaitaient établir des comptoirs de commerce, mais également évangéliser ces personnes sophistiquées priant d’étranges divinités.
Le terme Nanban signifie littéralement les barbares du Sud. Ce mot japonais fut utilisé par ces derniers pour désigner les peuples d’Asie du Sud et du Sud-Est. Cependant, lorsque les Portugais débarquèrent sur leurs rives en 1543, le mot Nanban prit un tout nouveau sens. Tours à tours, des Européens en quête de richesse arrivèrent tout d’abord du Portugal, puis d’Espagne, d’Angleterre et des Pays-Bas. Plus tard, les Anglais, Néerlandais et Russes furent nommés les Kōmō, ou cheveux rouges en langue nippone. Dès lors, tous les visiteurs venant du Sud par bateau et aux manières jugées barbares et peu raffinées sont appelés Nanban.

Les hommes européens qui ont marqué l’histoire du Japon

Marco Polo fut le premier à évoquer l’existence de Cipango ou le Japon, dans un récit. D’autres personnalités déposèrent leurs empreintes dans l’histoire.

1- Luis Frois

Il s’agit du premier historien jésuite. Il arriva au Japon en 1563 pour y vivre jusqu’à son décès en 1597. Ce missionnaire participa à la conversion de bon nombre de Nippons. En effet, plusieurs milliers de Japonais furent convertis au christianisme avant la répression des chrétiens lancée par Tokugawa. À cette époque, 700.000 Nippons convertis furent recensés. Outre ses missions d’évangélisation, Luis Frois fut également le premier à étudier l’histoire, la société nippone et la civilisation du pays avec une approche scientifique.

2- François Xavier

Il s’agit du tout premier missionnaire qui fut à l’origine de la conversion des premiers Japonais chrétiens. François Xavier arrive au pays en 1549 et fonde la Compagnie de Jésus avec l’aide d’Ignace de Loyola. Ressentant qu’il s’agit d’une terre de mission, l’évangéliste installe sa demeure à Kagoshima. Par la suite, il voyagera jusqu’à Kyoto et écrira de nombreuses chroniques. Une de ses phrases est célèbre aujourd’hui et reprise dans plusieurs livres et ouvrages : « À en juger par ceux avec qui nous avons traité, les Japonais sont le meilleur d’entre les peuples découverts jusqu’à présent. »

Différences de Mœurs entre Européens et Japonais

Durant les premières années suite aux premiers contacts, le commerce Nanban fut fructueux. En effet, les Japonais semblaient particulièrement pacifiques et ouverts aux nouveautés apportées par les Européens. Malheureusement, cette période ne durera pas et le siècle des chrétiens s’achèvera avec la mort de milliers de personnes.

Le seigneur Nobunaga Oda était favorable à l’accroissement de la nouvelle religion venue d’Occident. Ce ne fut pas le cas pour ses successeurs qui jugèrent que le catholicisme représentait une menace considérable quant à leur projet d’unification nippone. Le seigneur Hideyoshi expulsa un à un tous les missionnaires. Le seigneur de guerre Tokugawa, moins tolérant, massacra en masse tous les catholiques et interdit l’accès au pays aux étrangers. Tous les Nanban, portugais et autres furent bannis du Japon et seuls quelques Hollandais protestants purent rester sur une petite île située au large de Nagasaki. Ces derniers furent tolérés du fait de leur discrétion, car ils ne faisaient aucun prosélytisme religieux.

Quelques mots japonais d’origine portugaise

Étant donné que les Portugais sont restés au Japon durant plusieurs décennies, il est normal que les Nippons aient légèrement adapté leurs langages sur certains points. Voici quelques mots japonais qui tirent leurs origines de la langue portugaise :

Arukōru : signifie alcool

Bateren : en japonais, padre en portugais, ce qui signifie prêtre missionnaire jésuite

Battera : il s’agit d’un genre de sushi japonais tiré du mot bateira ou bateau

Bīdoro : récipient ou artefact fait de verre, tiré du mot vidro ou verre

Bōro : un biscuit en forme de perle, tiré du mot bolo, signifiant gâteau

Kappa : une capeline imperméable, tiré du mot bolo capa

Kirisuto : tiré du mot Christo ou le Christ

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